jeudi 16 octobre 2008

Au café des Sports


Y a que le foot pour générer une telle unanimité. Pour rassembler les peuples... De gôche, et de drouète. Pendant les heures qui ont suivi les incidents sonores au Stade de France, on a entendu plus de stupidités que pendant toute l'année écoulée. Comme quoi que on aurait raté l'intégration de gens nés ici. Que les sifflets seraient la preuve que ces gens-là sont malheureux chez nous. Enfin, chez eux... Tenez, à propos d'intégration, on ne résiste pas au plaisir de citer un concurrent. Auquel il arrive d'être bien plus drôle que nous. Mais, d'une part nous ne connaîssons pas suffisamment Badiou pour être sûr que ce soit toujours volontaire, d'autre part, et heureusement pour nous, il dessine comme la queue d'un âne.

L'actuel président de la République française, Nicolas Sarkozy, a dit, du temps où il était à la fois candidat et chef suprême de la police : "Si des étrangers veulent rester en France, qu'ils aiment la France sinon qu'ils s'en aillent." Et je me suis dit : je devrais partir, parce que je n'aime absolument pas la France de Nicolas Sarkozy. Je ne partage pas du tout ses valeurs. Contrairement à l'opinion dominante, je ne souhaite le départ forcé de personne, je m'oppose fermement à toutes les expulsions. Cependant, si quelqu'un devait partir, je préférerais de beaucoup que ce soit Sarkozy, par exemple, ou le ministre expulseur Hortefeux, plutôt que mes amis africains des foyers. Il est clair en somme que je ne suis pas intégré.
Alain Badiou, De quoi Sarkozy est-il le nom ?
© Nouvelles Éditions Lignes, 2007.

Bref, après les sifflets du stade, nous pouvons à peu près résumer la position présidentielle ainsi : si des étrangers nés en France et qui ne l'aiment pas ne souhaitent pas pour autant la quitter pour un pays qu'ils aiment mais qu'ils ne connaissent pas, eh bien qu'ils l'aiment, ou qu'ils la quittent ! Il est clair en somme que nous ne sommes pas plus intégrés qu'Alain Badiou.

☛ Ils sont malheureux chez eux